Du 11 avril au 30 septembre 2018, l’Institut du Monde Arabe donne carte blanche à Lassaâd Metoui, artiste spécialisé dans l’art de la calligraphie. Intitulée «Le Pinceau ivre», l’exposition est à son image, elle nous transporte et nous fait voyager, dans un lieu où le beau supplante les signes :
Sophie Baron, comment s’est faite la rencontre avec Lassaâd Metoui ? Est-ce le fruit d’un hasard ? D’un rendez-vous programmé ?
Je ne crois pas au hasard. Par contre, je crois beaucoup aux rencontres.
Nous sommes tous les deux Nantais. La première fois que nous nous sommes croisés, j’ai découvert un homme passionnant et passionné, d’une grande sagesse et sain dans son rapport aux Hommes et à la vie. Nous en sommes venus à parler de son exposition à l’Institut du Monde Arabe. Il m’a parlé de son style de création, de ses oeuvres, de cette exposition…. Captivée par cet homme amoureux des mots et de son métier, et piquée par la curiosité, j’ai eu envie d’en découvrir davantage.
Ce même week-end, j’ai découvert le livre Shodô, l’Harmonie du geste et de l’esprit par la calligraphie japonaise, de H.E. Davey (le Shodô, c’est l’art de la calligraphie). J’y ai appris que l’objectif premier de la calligraphie est de faire communiquer l’esprit et le geste ; de créer «l’équilibre entre le corps et l’esprit». Au lieu de se préoccuper de la manière «correcte» de tracer des traits avec un pinceau, l’ambition du shodô est, par le biais de la méditation, de communiquer la tranquillité de l’esprit à la main, et de nous faire ressentir comment le mouvement, la vie quotidienne et l’esprit sont liés de façon inextricable. Le shodô rime avec calme, concentration et méditation ;
pratique à laquelle je suis très sensible. Ce livre m’a été d’une grande aide pour mieux comprendre l’art de la calligraphie et le métier de Lassaâd. Si vous avez l’occasion de le lire… il est passionnant !
Au premier abord, il n’est pas évident qu’un constructeur devienne mécène. Pourquoi vous lancer dans cette aventure ?
… Et pourquoi pas !
Il y a de plus en plus de mécènes en France, 1/3 des entreprises françaises font ce choix, soit plus de 40 000 entreprises. Il faut dire qu’il existe une incitation fiscale qui nous aide à investir davantage de budget et nous encourage à développer ce genre de projets.
Pour ma part, en tant que constructeur, je conçois en effet que ce genre de démarche peut étonner, car le parallèle entre l’activité d’Alliance et le mécénat culturel n’est pas flagrant au premier abord. Et pourtant… Alliance est aussi artiste en son genre ! Je vous rappelle que l’architecture est un art à part entière (sourire).
Plus concrètement, l’un des projets que nous développons en ce moment, c’est faire rimer art et architecture, et intégrer l’art à l’habitat. En effet, nous souhaitons mettre un terme à cette idée reçue qui suppose que l’art serait réservé à une élite et en faire profiter nos clients. C’est un projet qui nous tient à cœur. Devenir mécène, c’est affirmer cette ambition, c’est véhiculer ces valeurs.
Et pourquoi Lassaâd ?
Parce que je me retrouve dans sa façon de voir la vie, dans ses valeurs. Au-delà de l’artiste que j’admire profondément, j’apprécie la personne qu’est Lassaâd : sa sagesse, son respect pour les gens, pour la planète. Lui apporter mon soutien par le biais du mécénat, c’est un peu une évidence pour moi, et je suis très heureuse de pouvoir partager tout cela avec mes collaborateurs et mes clients.
Et après ? S’agit-il d’une expérience ponctuelle ? Souhaitez-vous continuer dans cette voie du mécénat ?
Ce partenariat avec Lassaâd est, je pense, le début d’une belle aventure. Au terme de cette exposition à l’Institut du Monde Arabe, j’aimerais que nous continuions à collaborer, et notamment en intégrant l’Art à l’Habitat au sein d’Alliance.
Par ailleurs, Lassaâd est également écrivain. Passionné par les mots, il s’est déjà allié, à plusieurs reprises, à de grands noms de la littérature pour réaliser de très beaux livres. Aujourd’hui, nous avons un projet d’écriture ensemble ; j’espère qu’il pourra aboutir !
Enfin, dans les projets à court terme, et toujours dans cet esprit d’allier art et architecture, j’aménage une petite galerie d’art dans mes futurs bureaux, rue Racine (dans le centre de Nantes). Bien entendu, l’inauguration se fera en compagnie de Lassaâd… et de ses œuvres.